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valeurs et modes de vieSi les pirates étaient connus pour
ne répondre qu'à leurs propres lois, on retrouve cependant certaines
valeurs communes fondées sur
la liberté et l'égalité. Afin d'éviter que ce ne soit le chaos qui régisse leur vie, une hiérarchie a cependant été conservée sur les navires ; pour le reste,
chacun possède son idéologie et ses principes. Ceux-ci sont
souvent représentés par le capitaine du navire, qui donne au reste de son équipage ses couleurs et ses valeurs. Il arrivera, par exemple, que certains équipages soient par nature plus violents que d'autres, ou encore plus enclins à la pitié ; d'autres n'attaqueront pas les anglais, tandis que certains mettront un point d'honneur à les attaquer en premier.
Sur les navires pirates, les règles de conduite ne sont donc dictées que par le plus haut supérieur hiérarchique. Cependant, par souci de conserver d'équité,
les postes des officiers sont attribués à la suite d'un vote démocratique.
Tout pirate est donc considéré comme égal à ses semblables, et aucun ne recevra de traitement de faveur. Le célèbre code des pirates, initialement établi comme un code des corsaires, ne sera établi par le britannique Bartholomew Roberts qu'en 1720. Avant cela, les pirates seront donc soumis à leurs propres lois.
vie en mer ❖ Si une hiérarchie est nécessaire à bord d'un navire, il reste cependant que les pirates ne sont pas soumis aux mêmes règlements que les navires au service des gouvernements. Chez eux, la démocratie est de mise, et ils choisissent eux-mêmes leur capitaine, leur second et leur maître d'équipage — tout comme ils peuvent choisir de les déposer. Par ailleurs,
lors de la prise d'un navire, tout homme recevra une part égale du butin. Un bonus sera également remis à tout homme rendu infirme par une offensive. Par ailleurs,
tout pirate se doit d'être en permanence armé, et disposé à se défendre en cas de besoin. En mer, les jeux d'argent ne sont que rarement autorisés sur les navires, afin de ne pas inciter au vol et aux disputes. Le butin amassé par chaque homme est inscrit sur un carnet des comptes, tenu par le quartier-maître.
Les marins récupèrent souvent leur dû une fois à terre, lorsque les marchandises ont été échangées contre de l'argent. À noter qu'il est de plus
interdit aux hommes d'être ivres pendant leur service, et que l'alcool est souvent placé sous bonne garde.
vie sur terre ❖ Sur terre, les hommes peuvent faire ce que bon leur semble. Il ne tient qu'à eux de dépenser leur part du butin s'ils le désirent, ou de la cacher pour en faire meilleur usage plus tard. Les jeux d'argent sont autorisés, de même que tous les autres plaisirs auxquels ils ont envie de s'adonner. Cependant,
la hiérarchie prévaut toujours, et il n'est pas question de manquer de respect à un supérieur pendant que l'équipage est à terre. Les votes pour destituer les officiers et en élire de nouveaux se font souvent une fois revenu au port, ou bien au retour d'un bref séjour. Ainsi, les parts sont distribuées, et les comptes revenus à zéro. Pour le reste, les valeurs d'un pirate à terre sont davantage les siennes que celles de son capitaine, et il ne tient qu'à lui de décider ce qu'il fait de son temps, de sa compagnie et de son argent.
note sur les femmes pirates ❖ Bien que quelques-unes aient réussi à déroger à cette règle,
les femmes étaient presque systématiquement interdites à bord. On croyait qu'elles pouvaient en effet porter malheur ou, plus généralement, qu'elles n'y avaient pas leur place. Très peu développaient les compétences nécessaires à la navigation ou au combat.
La plupart des femmes ayant navigué avec les pirates étaient déguisées en homme, et très peu se sont affirmées. Qui plus est, se faire une place était pour elle très compliqué, et il n'était que très peu de femmes officiers — et de capitaines encore moins. Notez donc que
nous serons assez regardantes en ce qui concerne les femmes pirates prenant la mer aux côtés des hommes, et que nous nous réservons un droit de veto sur de tels personnages — voire de les interdire si nous considérons que nous en avons trop. Croyez bien qu'on ne le fait pas par sexisme, mais bien par souci du contexte historique — qu'on assouplit déjà pour vous permettre d'en jouer davantage que ce qui n'a existé.
commerce et traficLes pirates vivaient principalement du pillage de navires marchands et de petites villes côtières. À l'époque de l'âge d'or de Nassau, leurs activités se découpaient principalement en deux temps :
la traque et la prise des bateaux, en mer, puis
la revente des marchandises, sur terre.
traque et prise des navires ❖ Si certains navires ont pour coutume de sillonner la mer jusqu'à tomber sur une proie, ce n'est pas le cas de tous. Certains préfèreront obtenir des pistes par le biais d'informateurs, qu'ils soient basés à Nassau ou ailleurs, et se lancer dans la traque d'un navire ciblé qu'ils n'auront de cesse de vouloir intercepter. Leurs courses seront alors bien plus calculées et basées sur les itinéraires des navires, récupérés au préalable. Certains équipages préfèreront rentrer à Nassau pour échanger les marchandises amassées après chaque abordage, tandis que d'autres préfèreront piller plusieurs navires pour rentrer avec une somme significative en poche. Tous ces choix sont à la discrétion des officiers de chaque bâtiment, qui décident de diriger comme ils le désirent leurs expéditions. Cependant, lorsqu'un navire pirate a verrouillé sa cible et l'a en vue, la manoeuvre est plus ou moins toujours identique. Arrivés à une certaine distance, ils dressent le pavillon noir, et laissent ainsi le choix à leur victime de se rendre. Le cas échéant, ils se prépareront à l'abordage. Dans tous les cas,
le bain de sang n'est la plupart du temps pas l'objectif des pirates : en effet,
les canons peuvent sévèrement endommager les marchandises contenues par le bateau, et occasionner de grandes pertes. De même,
un équipage résistant est souvent synonyme de pertes humaines et matérielles, chez les pirates comme chez les marchands. À chacun sa manière de diriger ses opérations, donc ; mais il est à ne pas oublier que les pirates ne se lancent pour la plupart pas à la suite des navires par goût du sang. Dans l'optique de
profiter le plus possible financièrement de leurs prises, il vaut mieux pour eux qu'un minimum de pertes soient occasionnées.
acquisition et répartition de la cargaison ❖ Une fois une cargaison en leur possession, les pirates n'en ont généralement
pas un usage direct. Il est cependant des ressources qu'ils n'hésitent pas à garder en leur possession et à mettre à contribution de tout l'équipage, comme les réserves de poudres, de balles, et généralement une bonne partie du contenu de l'armurerie. Il n'est également pas rares qu'ils
profitent des ressources des navires pour réparer leurs propres vaisseaux, si ceux-ci ont été endommagés pendant l'attaque. Cependant, beaucoup de pirates préfèrent repartir le plus vite possible et aller radouber (soit remettre en l'état) leur navire sur une île, un peu plus loin, ou directement à Nassau : le risque de croiser un navire ennemi pendant le temps de réparation qu'ils prennent est en effet élevé, et ils préfèrent souvent ne prendre aucun risque d'être attrapés ou de se retrouver pris sous le feu dans une telle position de faiblesse.
revente des marchandises ❖ Le reste de la cargaison est généralement
ramené dans un port de commerce pirate, le principal étant Nassau. Là, l'équipage peut alors
échanger tous les biens amassés durant leur(s) chasse(s) contre de l'argent. Ce sont généralement
les officiers qui s'occupent de la transaction commerciale. Une estimation de celle-ci est en permanence tenue à jour dans le carnet de bord du navire par le quartier-maître, et permet d'avoir un aperçu tant de la part que chacun touchera une fois à terre que de la distribution directe des biens consommables par les membres de l'équipage (comme les vêtements, l'armement, etc.). Il n'est pas rare que les pirates gardent en leur possession les provisions des cuisines des bateaux qu'ils volent. Le reste des marchandises (principalement le rhum, le sucre, le métal, le bois, le tissu, et tous les matériaux premiers dont ils n'ont pas d'utilité) est échangé contre de l'argent une fois au port.
L'argent est ensuite distribué aux hommes de manière à ce que la totalité des biens matériels et pécuniaires accumulés par chacun soit équitable. Ils sont ensuite libres de disposer de leurs possessions comme ils l'entendent.
Les cargaisons volées et revendues par les pirates sont ensuite
à nouveau vendues à des marchands civils qui profitent de l'absence de taxes portuaires et des prix plus bas offerts par les ports pirates que les ports gouvernementaux pour un même chargement. Sans pour autant approuver les actions de piraterie qui leur permettent d'obtenir leur marchandise, ces équipages ferment les yeux sur la provenance de la cargaison, et se contentent d'en retirer le bon profit qu'un tel système leur offre. C'est aussi
pour cette raison que les pirates évitent en majeure partie les bains de sang : si les cargaisons sont souillées ou salies,
les transférer dans de nouvelles caisses devient coûteux pour les responsables de la plaque tournante de Nassau, qui
déduisent alors le montant du butin des pirates afin de rentrer eux-mêmes dans leur argent.
Durant l'âge d'or de la piraterie, il n'est donc pas rare que les marchands civils s'approvisionnent dans des ports tels que Nassau. Les profits engendrés par ce système de commerce profitent donc aussi librement aux pirates qu'aux
traders de Nassau, et finalement aux marchands qui les revendent aux différents gouvernements.
La boucle commerçante pirate n'est donc qu'un prolongement dans la chaîne d'approvisionnement des divers empires. Un rallongement coûteux pour les gouvernements, mais qui profite à tous les autres maillons de la chaîne, et permet à la piraterie de survivre : elle devient ainsi un mal nécessaire à trop de maillons de la chaîne pour qu'on ne souhaite que quelqu'un mette fin à leur règne.
note ❖ Si certains pirates préfèrent ne pas passer par le biais d'un port de commerce comme Nassau, la liste des navires prônant une telle indépendance s'écourte avec le temps : ni Port-Royal ni l'Île de la Tortue ne leur fournit plus le pied-à-terre qu'ils pouvaient un jour avoir, et
le décret anti-piraterie rend leur approche des ports civils pour le moins périlleuse. Nassau est donc l'un des seuls ports de commerce véritablement profitable et sécuritaire pour les pirates. Par ailleurs, si
le mythe des chasseurs d'or est parfois avéré, celui-ci
ne leur suffit la plupart du temps pas pour vivre, et tous sont tôt ou tard obligés de se soumettre au vol de navires marchands pour rester dans le marché et
satisfaire les besoins de leur équipage.
statut politique et socialaux yeux de la loi ❖ Contrairement aux corsaires, dont le statut est rendu officiellement civil par des lettres de marque,
les pirates sont considérés par tous les gouvernements comme des hors-la-loi. Peu d'entre eux ont officiellement leur tête mise à prix, mais les quelques noms les plus populaires ont généralement une récompense attribuée à leur capture — d'autant plus maintenant que les premiers
décrets anti-piraterie sont passés. Dans les Caraïbes, la prison principale où sont conduits les pirates en attendant d'être jugés reste Port-Royal. La sentence associée à tout acte de piraterie est la
mort par pendaison. Il arrive que des
pardons royaux soient accordés aux pirates, et que ceux-ci puissent alors reprendre une vie civile sous le chapeau de leur gouvernement — la plupart du temps pour devenir à leur tour corsaires, et chasser leurs anciens compagnons pirates. Durant la période historique actuelle, marquée par la guerre de succession d'Espagne, cette solution se trouve parfois privilégiée, afin de permettre de renforcer les rangs des divers empires face à l'ennemi.
aux yeux du monde ❖ Ce n'est pas un mythe :
la principale arme des pirates est la peur. Le monde ne retient d'eux que la cruauté de quelques équipages particulièrement sanglants, qui sert à cultiver une image de monstre véhiculée dans la plupart des communautés. Les civils éprouvent une haine profonde des pirates, alimentée par la terreur à leur égard ; ainsi,
les pendaisons sont souvent un spectacle public, et il n'est pas rare qu'elles soient suivies par une exposition publique des corps, alors laissés à l'humiliation. Peu de civils ont conscience que
les pirates ne sont en réalité que des hommes libres, cherchant à le rester et à survivre.
Cette image convient aussi bien au monde qu'aux pirates eux-mêmes, qui ne seraient sans doute rien sans la peur associée à leur sillage. Une image qu'ils se doivent d'entretenir, afin que l'on continue à les craindre et à affirmer ainsi leur règne de terreur.